edurtreG est un « outil » virtuel qui examine et « regarde » Gertrude (voir « Qu ‘est-ce que Gertrude ? »).

Il se présente comme Gertrude sous la forme d’un blog mais à la différence de ce dernier, il n’est composé que de textes.

La succession d’articles publiés ne dépend que de l’état de la réflexion que je mène sur Gertrude ce qui implique une certaine irrégularité dans le contenu et la temporalité.

samedi 8 septembre 2012

Rencontre




Les rencontres sont toujours fulgurantes à travers Gertrude.

Elles sont depuis quatre ans et demi dues au hasard, à un hasard que je doterais bien de quelques vertus miraculeuses.

Ces rencontres, celles qui ont donné à Gertrude ses vrais « interlocuteurs » sont toujours le fruit de véritables collisions, de circonstances tombées du ciel ; les rares fois où j’ai tenté de les provoquer par une démarche raisonnée, par exemple en faisant des recherches par catégories ou par mots-clés sur le web, se sont soldées par des échecs ou des malentendus. Les personnes qui se sont réellement intéressées à mes activités y sont venues d’elles-mêmes et par des voies qui n’ont rien à voir avec la raison. Chaque fois se fut pour moi un moment de grande fébrilité, un vrai coup de cœur, j’oserai même le terme de rencontre amoureuse.

Ces interlocuteurs tels que je les appelle affectueusement se classent actuellement en trois catégories : ceux que je connais par Internet mais que je n’ai jamais rencontrés physiquement et que probablement je ne rencontrerai jamais, ceux pour lesquels j’ai franchi le pas de la rencontre et avec lesquels une vraie amitié s’esquisse dans la vie réelle, et enfin, dernièrement, ceux que je connais déjà dans la vie réelle mais que j’ai rencontrés d’une toute autre manière via Gertrude.

La première catégorie est probablement la plus « authentique » dans l’aventure de Gertrude ; authenticité qui ne se laisse troubler par les interférences de la vie réelle ; la première de ces rencontres, qui est aussi celle du premier interlocuteur de Gertrude, est racontée ici et je ne reviendrai pas sur ses circonstances ; toujours est-il que je pense avoir très vite décidé ne jamais rencontrer cette personne dans la réalité, pressentant là la possibilité d’une ruine soudaine de tout ce qui constituait la magie de cette relation virtuelle, voire de l’existence du blog lui-même, ou par une immense déception ou paradoxalement par une attirance qui aurait pu mettre en danger et mon entreprise gertrudienne et ma vie réelle.

Certains autres interlocuteurs sont pour moi des points d’interrogations, personnalités qui gardent tout leur mystère, qu’il me plait de garder ainsi en suspension et chez qui je crois reconnaitre le même désir.

La deuxième catégorie est comme le résultat d’un abandon, l’abandon de certains principes que je m’étais dictés au départ de l’aventure, mais aussi l’abandon à la tentation de voir enfin le visage des personnes qui me parlaient.

Probablement que ce « passage à l’acte » a été choisi en fonction des personnes et de ce que je percevais de leur envie de me rencontrer  et de leur degré peu élevé de « dangerosité » ; cette dangerosité étant à comprendre non pas envers moi et ma personne, mais envers l‘équilibre construit entre Gertrude et moi, mon souci étant de garder un semblant de cap et d’éthique dans cette expérience dont il m’était important de préserver le caractère plasticien ; il ne s’agissait pas pour moi de tomber dans un système affectif qui risquerait de prendre le pas sur l’interactivité générée par les blogs de Gertrude et dont cette dernière deviendrait le simple prétexte.

Voici pourquoi, envers les personnes que j’ai rencontrées et avec lesquelles, pourtant, je vois se dessiner des possibilités d’amitié, j’ai pu garder quelques distances et ne pas m’adonner à une véritable intimité, ce qui d’ailleurs ne correspond pas à ma nature de misanthrope.

Ces rencontres se sont souvent produites à travers une performance, Le Jeu de la Vérité, système absurde de questions-réponses autour du crâne de Gertrude servant autant de pivot que de catalyseur au face-à-face ; cette performance ayant l’avantage de s’appuyer sur le volontariat de mon interlocuteur et de me dédouaner ainsi de l’initiative de la rencontre.

Dans ces rencontres « réelles », j’en dénombre cinq à l’heure actuelle, il y eut bien de petites « erreurs » de ma part, de décalages un peu douloureux entre mes fantasmes, les fantasmes de l’autre et cette réalité que nous avions oubliée l’espace de quelques échanges virtuels ; comme un brin de déception mutuelle et pour une fois inavouée (car le non-dit n’existe pas dans le virtuel) dans l’échange d’un regard soudain empreint de tous le filtres pesants que nous imposent les codes de la réalité.

J’ai pu ainsi ressentir quelque regret à avoir suscité certaines de ces rencontres et d’avoir cédé au désir de mener jusqu’au bout la magie de ces conjonctions virtuelles, avant de prendre conscience que cette concrétisation était plus un réveil que la poursuite d’un rêve.

Bien heureusement le virtuel, telle la Nature, et ce paradoxalement, reprend ses droits très vite, et la conversation sur le Net oublie rapidement la gaucherie de la réalité, pour retrouver ses marques poétiques.

Le Jeu de la Vérité (j’aurai l’occasion d’y revenir) est comme un sas, un espace de transition entre ces deux états de la rencontre et ceux (ou plutôt celles) qui l’ont expérimenté ont pu intégrer parfaitement ce va-et-vient entre réalité et virtualité de Gertrude ; il est possible que d’autres venaient chercher au-delà de Gertrude, là où leur frustration et la mienne ne pouvaient que faire l’expérience du vide.

La troisième catégorie ne concerne pour l’instant qu’une seule personne ; elle se reconnaitra évidemment ; je la connaissais dans une « vie antérieure » dans une sphère où la rencontre gertrudienne ne pouvait se faire, ou même toute rencontre amicale relevait d’une impossibilité institutionnelle.

Dans une deuxième tranche de vie, je crois avoir fait moi-même la démarche de donner à cette personne les coordonnées du blog de Gertrude, comme il m’arrive de le faire assez fréquemment sans grand résultat. En effet, comme beaucoup d’autres, cette personne a bien du jeter un regard rapide à mes activités sans pour autant rentrer ou encore moins participer à leur logique ; mais contre toute attente, c’est longtemps après ce vague aperçu, qu’en relation avec sa propre pratique, à la suite d’une recherche sur le Web, elle tomba sur un de mes textes écrits dans le cadre de Gertrude, et se laissant prendre au jeu, entra ainsi dans le cercle des conversations.

On peut évoquer une simple coïncidence mais la surprise fut totale pour moi car, même dans cette configuration inédite, la rencontre virtuelle se produisit aussi surement qu’avec un inconnu, les choses se disant beaucoup plus dans cet espace que dans la réalité ; au point qu’à présent je m’interroge sur mes capacités à communiquer ou à livrer mes pensées autrement que dans ces conditions ; là encore je reviendrai non seulement sur les caractéristiques de cet espace virtuel mais également sur Gertrude en tant qu’alter ego à travers lequel je m’exprime.

Je peux également affirmer, après ces quatre ans et demi de pratique du blog de Gertrude, que le phénomène de la rencontre via Gertrude est un véritable moteur de mes activités, me poussant toujours plus loin, tendue dans l’espoir de ce surgissement miraculeux que je sais toujours devant moi.

4 commentaires:

  1. Personnellement j'ai déniché Gertrude parce qu'elle faisait rouler son crâne sur la tombe de Tristan Tzara et que j'y ai également mes habitudes.

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  2. Je m'en souviens:une vraie bataille de territoire!
    Cela fait au moins quatre ans et demi!

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  3. Plusieurs fois mes pérégrinations sur le web m'ont jetée dans la toile filée par Gertrude. Plusieurs fois, je me suis échappée sans laisser un mot. Et un jour j'ai été pétrifiée par la qualité de l'écriture et je suis restée. Voilà.
    Après, tout ce que vous dites est très juste. Etant joueuse, égocentrique et sincère, le jeu de la vérité était fait pour moi et je voulais me confronter à Gertrude, pas vous, Gertude !
    Bien humain cette appréhension de rencontrer une inconnue. Et aucune envie de m'en faire une amie.
    Personnellement je n'en ai jamais eu de regrets, persuadée d'avoir côtoyé une grande artiste. Qui me grandit. Difficile de parler d'amitié lorsqu'on ne vit pas les mêmes histoires. Mais là encore, la technologie a créé un sentiment qui n'existait pas : cette amitié virtuelle qui n'a pas encore de nom. Oui, vous comptez pour moi.
    Nos centres d'intérêts communs nous ont tout de même rapprochées au point de s'être rencontrées plusieurs fois et je sais que nous nous rencontrerons encore.

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    1. Votre commentaire me touche vraiment... Comme quoi ce phénomène de la rencontre virtuelle dans les courants d'air du crâne ne sont ni anodins ni si hasardeux que cela.
      Je me souviens de ce jeu de la Vérité; ce fut un très grand moment de mon aventure gertrudienne!

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