edurtreG est un « outil » virtuel qui examine et « regarde » Gertrude (voir « Qu ‘est-ce que Gertrude ? »).
Il se présente comme Gertrude sous la forme d’un blog mais à la différence de ce dernier, il n’est composé que de textes.
La succession d’articles publiés ne dépend que de l’état de la réflexion que je mène sur Gertrude ce qui implique une certaine irrégularité dans le contenu et la temporalité.samedi 8 septembre 2012
De l'instant
Une des principales difficultés rencontrée dans ce nouveau blog est l’idée qu’il me faut le concevoir sans aucun carcan logique, sans règle si ce n’est celle de m’exprimer correctement.
Ce sera pour moi la seule façon de traduire l’état d’incertitude et de fouillis dans lequel se trouve ma pensée au sujet de Gertrude.
Je sais ainsi que mon propos ne sera ni linéaire, ni régulier, qu’il sera parfois redondant, contradictoire voire incohérent, mais qu’il sera toujours le résultat d’une forme de vérité de l’instant ; car c’est toujours l’instant qui compte dans une pratique, même si cet instant est engendré par un temps précédent et qu’il aura des conséquences à venir.
Ce que j’ai réalisé il y a quatre ans et demi déjà ne m’appartient plus mais, malgré tout, constitue le fond ou le pied de cette construction qui, bien que virtuelle, ne s’en appuie pas moins, à travers l’accumulation de ces tranches de temps, sur ma réalité.
Il faudra que le visiteur se retrouve (ou pas) dans ces méandres, ces bribes lâchées peu à peu sur ma pratique.
Logique du temps
Commencer à écrire sur ma pratique en résume toute la
difficulté ; en effet commencer par quoi ?
Je m’aperçois, en lisant mes premières lignes que j’ai déjà
écrit trois articles sans parler une seule fois du véritable objet de ce blog,
à savoir Gertrude. À l’évidence j’ai autant de difficulté à en parler que j’ai
de facilité à produire des mises en scènes à son propos.
Le « commencer par quoi ? » me replace face à
la nécessité de trouver un fil, de tirer un premier fil de ma pelote, encore
faut-il que cela soit le bon, celui qui entrainera, enchainera la cohérence de
mon propos ; mais il me semble que je dois me défendre de ce penchant si
je veux garder un minimum de sincérité.
Et naturellement je ne peux commencer que par ce problème de
la logique : la logique de Gertrude, plutôt celle que je lui ai fabriqué
dans l’espace virtuel.
Car, a priori, il n’y a pas vraiment de logique ni
d’évidence à se retrouver face à un crâne ; la seule réalité du crâne est
la tangibilité de sa matière, rien d’autre ; le reste n’est que fantasme,
car sa réalité de reste humain ne rencontre pas la notre, et son état nous est
inenvisageable, au sens propre comme au sens figuré, si j’ose le dire ainsi.
Mais j’aurai l’occasion de revenir sur ce problème de
réalité ; ce qui m’intéresse ici c’est la construction que j’ai pu
fabriquer autour de Gertrude pour que toute cette affaire tienne debout, pour
que « Gertrude » accède à une forme de réalité, presque de réalisme.
Gertrude, ou plutôt l’ensemble des espaces virtuels la
concernant, répond entre autre à une logique implacable, un cadre indéfectible,
celui du temps ; pas un temps subjectif, mais le temps objectif, celui de
la pendule ou du calendrier.
Car une des « réalités » qui s’impose dans le
face-à-face auquel je m’adonne depuis quatre ans et demi, c’est le décalage
entre son temps arrêté et le mien qui continue à filer.
Dans le(s) blog(s) de Gertrude, la scansion du temps s’est
installée tout naturellement, presque inconsciemment ; d’abord dans le
rythme du blog lui-même, « journal » virtuel qui demande son dû et se
rappelle à nous dès que nous le négligeons tant soit peu ; le blog de
Gertrude est une sorte d’organisme qu’il faut nourrir, et il n’a pas fallu
longtemps avant qu’il ne joue le parallélisme avec mon propre organisme, mon
propre cycle vital. D’élément immobile et mort, Gertrude, par le truchement du
blog, et ses exigences de « journal » a acquis une forme de faculté,
celle d’avancer, d’évoluer, de penser, de parler ; cela devient un élément
agissant, ou plutôt un élément qui me permet d’agir.
Des glissements voire des dérapages de cette confrontation,
j’aurai l’occasion d’en parler plus en détail ; comme je développerai
également les fonctions de cette temporalité.
Mais le temps n’est pas la seule logique des blogs de
Gertrude.
Miroir de Gertrude
edurtreG est en quelque sorte le miroir de Gertrude, un
espace où elle est censée se regarder sans complaisance, mais également ce lieu
où l’image reflétée oscille entre déformation volontaire, de la grimace à la
tentative d’embellissement, et vérité. L’image est virtuelle, d’autant plus
virtuelle que l’objet qu’elle redouble n’a de raison que l’espace virtuel
d’Internet ; elle est en même temps reflet des activités gertrudiennes par
l’explication, l’analyse, la prise de distance vis-à-vis de ces dernières, mais
aussi le contraire de ce qui est montré dans le blog de Gertrude qui fonctionne
sur des choix implicites (pas toujours perçus par mes interlocuteurs) ; en
effet edurtreG ne sera que du texte et
penchera forcément plutôt du côté de l’explicite.
edurtreG
-->
edurtreG est une tentative de recul critique par rapport au
travail que j’ai entrepris depuis quatre ans et demi autour d’un crâne humain
nommé Gertrude.
Vous pouvez prendre connaissance de ce travail ici.
Je ne prétends pas, dans cette expérimentation, conserver
toujours une grande objectivité à l’égard de mes activités mais seulement
ouvrir un espace de réflexion dans lequel il me sera possible non seulement
d’analyser ma démarche, mais aussi de livrer mon ressenti dans cette aventure.
Il me paraît important également d’inviter les visiteurs à
faire part de leurs points de vue, les plaçant là, non comme
« interlocuteurs » de Gertrude faisant partie intégrante du jeu, mais
en tant que « spectateurs » de mon travail plastique et de sa
construction. Libre à eux, bien sûr, d’endosser les deux rôles.
edurtreG, contrairement à Gertrude, sera un blog sans aucune
logique particulière à part celle dictée par le désir que j’éprouverai à
m’exprimer sur la question.
L’ouverture de ce sixième blog, projet certes déraisonnable,
intervient arbitrairement dans l’histoire d’une aventure qui a beaucoup évolué
au point d’être à présent très éloignée du projet initial et au risque que je
m’y égare ; et c’est probablement ce sentiment, contraire aux apparences, de
désorientation et de non-maitrise de l’expérience qui m’a décidé à envisager ce
nouvel espace .
À ce stade, éprouverais-je donc le besoin d’expliciter ou de
justifier ma démarche à mes yeux autant qu’aux yeux des autres ? Ou sans
vraiment me l’avouer, suis-je en train de lancer un nouveau tentacule à la
pieuvre Gertrude dans l’impuissance de contrôler les autres ?
Je ne le sais, seule l’évolution de ce nouveau blog me le
dira.
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